Entre le pouvoir des militaires et celui des juges, le pouvoir du peuple se retrouve en position de faiblesse dans une démocratie balbutiante comme la nôtre.

Les derniers événements montrent bien que le vrai pouvoir réside dans les mains des militaires et que celui des juges vient seconder, en se reposant, en réalité, sur la force des armes. 

On a assisté le 24 mai dernier à un renversement de situation, avec l'intervention des militaires mettant fin à la première transition. Avec la reconduction de l'ancien ministre, Lamine Seydou Traoré, qui avait enregistré un appel téléphonique entre lui et l'ancien secrétaire général du Gouvernement à son insu, à la suite de laquelle une information judiciaire fut declenchée, cela a été validé. 

Dans une République irréprochable, on aurait assisté à une vague de contestation, à commencer par les juges, qui n'hésitent plus à communiquer qu'à travers leurs syndicats, sur des questions d'ordre d'intérêt national. Le peuple assiste impuissamment à ce jeu politico politicien sans avoir la possibilité d'y placer un mot. 

Tout récemment, à la suite d'un mandat de dépôt émis contre l'ancien commandant de la FORSAT, de nombreux policiers ont convergé vers la Maison d'arrêt pour exiger sa libération. Chose qui fut obtenue. Cette fois-ci, les syndicats des juges ont protesté contre cet acte jugé de "rébellion" , là où le Gouvernement parle d'acte "condamnable". 

Il est clair que le Pouvoir des armes remporte haut la main contre le peuple et celui des juges.  Cependant, dans ce rapport de forces, le pouvoir du peuple se trouve en mauvaise posture face à ces deux pouvoirs. 

L'affaire Soumeylou Boubeye Maiga, ancien Premier ministre est révélateur. Tandis qu'une partie des magistrats conteste la procédure, l'autre partie ayant mis sous mandat de dépôt l'ancien premier ministre, persiste et signe  que leur acte est jugé légal. Ce débat entre des hommes de droit est fait sans que le peuple ne puisse se prononcer dessus. 

Les magistrats ne rechignent plus à montrer leur force légale contre le peuple. Le pouvoir des juges tient en le peuple, tout comme celui des militaires. Le peuple subit et les militaires et les juges. A quand le retour du pouvoir du peuple ?

Niaga Diop