BABAROU BOCOUM (SADI) : LA CONSTANCE ET L'ESPÉRANCE

08 aoû 2021 - 22:14

Pour flirter en politique avec Oumar Mariko, il faut impérativement, au moins, deux caractères : respecter la ligne spartiate du parti et ne pas rêver, pour devenir dedans, comme Crésus !

En cheminant avec le parti SADI, après un long compagnonnage avec le leader estudiantin malien des années 1990, depuis l'Ecole de la République (Bagadadji Bamako), où Babarou Bocoum animait l'AEEM de ce Groupe Scolaire, il était difficile au dernier d'être pris à défaut,  pour ne pas porter les valeurs du parti, dans une constance qui le dispute à sa conviction politique et sa loyauté en amitié : "  À 16 ans, j'étais le plus jeune Secrétaire Général AEEM dans le pays,  et de là, avec Oumar Mariko, nos chemins se sont croisés. Cela fait donc plus de 30 ans. 
À un moment donné, j'ai voulu partir à l'étranger pour m'installer, mais vu les difficultés du Mali et la lutte que mène mon camarade Mariko, je me suis ravisé, afin de l'accompagner de nouveau dans cette lutte qui est commune, depuis le bas âge. J'y apporte ma contribution, dans la lutte politique qui est celle du parti SADI, une lutte pour l'indépendance la solidarité et la justice au Mali ".

Babarou Bocoum est donc, du genre qui s’engage toujours entièrement dans ce qu’il entreprend : idées cohérentes, la verve convaincante et les piques assez bien ajustées, quand il est face aux adversaires politiques.

Les téléspectateurs ne s'ennuient jamais quand il est sur un plateau de télévision. Chéchia pour faire paraître plus que son âge (il a juste 45 ans), patient et réfléchi pour réagir sèchement et prolifiquement à ses interlocuteurs, le politique du parti SADI assure toujours son rôle (diagnostiquer au mieux les maux de ce pays et n'hésitant pas à prodiguer la meilleure panacée qu'il faut).  

Lui Babourou Bocoum, spécialiste des forages et de l'hydraulique dans la vie  professionnelle, embrasse la politique et déchiffre ses arcanes, au point que le jeune du parti assume totalement sa vision d'homme de gauche et pour laquelle son parti et ses militants sont ostracisés dans un pays où la politique a perdu bien de vertus : " Je ne suis pas un conformiste. Je me réfère rarement à des modèles autre que celle de gauche avec des valeurs nationalistes. Je suis un nationaliste ouvert qui va vers l'intégration africaine et qui considère l'Afrique comme une nation..."

C'est en cela qu'on peut attester que l'avenir politique de Babourou Bocoum est bien tracé, car l'homme, au contact, est en phase avec les projets politiques qu'il annonce.

Il sait argumenter, il sait convaincre et il sait faire accepter ses idées à cet âge. Seulement, sous nos tropiques, la politique malienne n'est pas une science exacte et l'argent a fini par régner en maître absolu. 

Le parti SADI et Babourou Bocoum sont longtemps victimes de ce phénomène avilissant, qui dénature la compétition électorale et qui fait fuire ou chasser certains de leurs militants ou dirigeants qui ont troqué les valeurs de leur formation politique contre ces appels de sirènes. Défrichement alors pour le natif deBamako : " La politique malienne est aujourd'hui ceci. Nous sommes d'abord un pays qui a un projet qui passe par sa devise UN PEUPLE UN BUT UNE FOIS. Nous avons eu un pays qui avait espoir de réunifier toutes les ethnies, dans une Nation, pour concrétiser un vivre ensemble, dans la solidarité,  dans le respect, dans la justice sociale et dans une meilleure répartition des richesses, des valeurs authentiques maliennes. Après 1968, l'Etat malien a pris la posture d'un Etat colonial qui a conçu un système digne de la colonisation, qui a mis sur place un Etat totalement dévoué à ses propres acteurs, à ses propres gouvernants et qui ne laisse aucune place pour le peuple. Donc un Etat qui a construit son système d'organisation politique, économique, sociale et culturelle autour des élites et qui ne laisse aucune place à d'autres d'avoir la possibilité de s'accomplir. À cet égard, vous avez une armée totalement conçue pour protéger l'Etat contre le citoyen, même pas une armée qui est conçue contre l'étranger, mais contre son propre peuple. C'est la doctrine militaire au Mali. C'est la doctrine sécuritaire qui, à chaque fois qu'elle doit  maintenir la sécurité, ces forces n'ont jamais hésité à faire l'usage disproportionné  de la violence contre leur peuple et cela explique leur rédevabilité. Il y a également la répartition des ressources. Vous allez le constater au niveau du budget national. Ça ne laisse aucune place pour les citoyens, pour l'aide, pour la solidarité nationale, pour la construction nationale, pour l'investissement au niveau des services socio de base. Au niveau de l'éducation, vous allez remarquer que c'est une éducation à double vitesse et marchandisée, qui prend en compte uniquement les enfants des riches et les enfants de ceux qui sont, en tout cas, aux affaires ou qui sont aisés et qui ne laisse aucune place à l'enseignement public, qui ne donne aucune autre opportunité à d'autres enfants de pouvoir s'accomplir, eux aussi, à être instruits, à avoir droit à l'éducation pour pouvoir, un jour, arriver à des responsabilités. La santé publique est à double vitesse, également marchandisée. La santé publique est totalement abandonnée pendant que le secteur privé de la santé a de beaux jours devant lui. Ceux qui ont la possibilité de se soigner vont à l'étranger, en laissant l'immense majorité de cette population qui croupit dans la misère et dans une catastrophe sanitaire incroyable, en n'ayant même pas la possibilité de se soigner dans les hôpitaux..."

Que faut-il alors pour renverser la tendance ? Babourou Bocoum pense à la recette de certains dirigeants africains comme Thomas Sankara qui est un modèle pour lui hors du pays ; des dirigeants africains ont  réussi, selon lui, pas parce qu'ils sont révolutionnaires mais ont réussi à drainer leurs peuples vers la lumière ou à leurs apporter une liberté et une souveraineté nationale. 

Tout un diagnostic qu'il transpose chez son mentor et Président de parti qui force son admiration et qui lui sert de modèle pour se battre : " Oumar Mariko est un grand humaniste qui signe et persiste sur sa façon de voir le Mali, qui mène une lutte inlassable depuis plus d'un demi-siecle et qui se bat pour une justice sociale au Mali".

De quoi trouver, à cet âge et dans l'arène politique un homme persévérant et perspicace qui sait se fixer des objectifs et dont les principes sont rarement pris à défaut. 

Babourou Bocoum mesure donc le combat qui le tient en haleine, depuis l'ouverture démocratique au Mali. Il sait que son projet politique n'est pas sans être tributaire de la confiance que les maliens vont porter sur leur parti, un parti craint et respecté mais avec tout de même des clichés. 

Cependant, l'homme tient sa force et son courage de certainement de ses nombreuses lectures d'ouvrages pour se cultiver et qu'il aime en faire référence dans les discussions.

Mahamat Gandhi, l'Indien est de ses auteurs préférés, avec une citation qui aiguillone sa lutte et qui forge ses convictions, pour ne jamais se soumettre à la fatalité : " Tout au long de l'histoire, il y a eu des tyrans et des assassins. En un certain temps, ils nous paraissaient invincibles mais ils finissent toujours par tomber". De quoi comprendre qu'il faut compter sur lui un jour ! 

Moustaph Maiga

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