Les Sarakholés sont un peuple de labeur, un peuple qui a fait des activités commerciales leur label à travers le monde.

Parce que sous nos tropiques et avant, commerce et politique ne faisaient pas bon ménage, ils ont laissé, par altruisme, ce domaine à ceux qu'ils pensaient instruits, qui sont allés à l'école et qui savent décliner, au cours des campagnes, des projets de société mirifiques au début mais qui s'avéreront de la poudre aux yeux chez les militants désabusés.

Sekou Niame Bathily peut en être un de ces floués, par exemple, mais au lieu de s'apitoyer sur son sort et contempler ces beaux parleurs, sans résultats concrets, a décidé, à son âge, dès 30 ans, de descendre dans l'arène politique. 

Il en avait vraiment gros sur le cœur et semble avoir de bons justificatifs : "Je suis natif de Diawely Counda, l’un des plus grands, sinon le plus grand quartier de la ville de Nioro du Sahel, connu pour son hospitalité. C’est pourquoi, beaucoup de fonctionnaires résident dans ce quartier. Ce beau quartier qui m’a vu naître est connu pour sa pénurie d’eau. Dès le mois de mars de chaque année, le problème d’eau refait surface. Nos mamans et nos sœurs veillent, toute la nuit, pour stocker de l’eau dans des récipients qu’elles utiliseront, dans la journée, pour préparer la cuisine et l'utiliser pour d’autres besoins indispensables. Souvent, elles sont obligées de partir à la pompe ou au puits pour avoir de l’eau. Des quartiers comme Mali-Counda, Koulouba etc... étaient aussi confrontés aux mêmes problèmes. À Diakha, c’était plutôt la qualité d’eau qui était mauvaise, car imbuvable. C’est partant de ces faits, que j’ai décidé de m’associer aux femmes, pour mener le combat. Et la problématique de l’emploi des jeunes de ma localité est venue s’ajouter à cela. Ainsi, j’ai donc décidé de me lancer dans la politique pour aider ma communauté à s’épanouir". 

La passion de la politique est née donc pour ce jeune de 37 ans, qui a jeté son devolu sur le RPM.

Brillant, disponible et toujours prêt à aller au charbon sur les plateaux de télévision nationale, là où certains de ses camarades avaient honte de leur bilan et de leur porte-étendard à la magistrature suprême du pays qui n'a jamais répondu positivement aux aspirations de son peuple ! Mais, ne devenant jamais ridicule, à la fin, parce que le jeune politique, possédait toujours la jugeote avec son esprit cartésien et  son humilité qui cachait  l'arrogance de certains de ses camarades qui ne voyaient pas le pays s'enfoncer dans le mur  jusqu'au soir du 18 Août 2020.

Sekou Niame Bathily est le genre de cadre dont tout le monde sait que le parti (RPM), pour lequel ils ont tout donné (salive, sueur et sang), les a fait aller à Casona, mais stoïque, lui et quelques rares du parti du tisserand défendent leur politique et leur choix, avec passion et plein de sang-froid. 

De ces épreuves dans lesquelles il fut moulé, l'homme aux initiales SNB (et ça ne peut être qu'une lapalissade dans ce cas) dit n'avoir comme modèle que son Président, Dr Bokary Treta qui a avalé beaucoup de couleuvres dans sa propre formation politique mais gardant toujours sa ténacité ; et ne peut qu'admirer, dans ce cas,, énormément les braves, les optimistes, ceux qui n’abandonnent jamais et qui sont disponibles pour les autres, bref les hommes de conviction selon lui, car ce Treta est une école politique pour sa personne, ajoute-t-il.

Le nouveau SG de la Section de Nioro du Sahel a pris donc du galon avec cet honneur qu'une grande ville, chef lieu de région, le lui rend.

C'est que la quête constante de s'occuper des problèmes locaux de son terroir a porté ses fruits, et le destin national politique sera bientôt une autre paire de manche, car n'oublions pas encore, ce qu'on ressent toujours chez le sieur Bathily, quand il discute des problèmes de la nation sur les médias traditionnels et les réseaux sociaux : un désir violent d'aller au fond des choses et jusqu'au bout des situations, un riche potentiel de créativité, une pugnacité et une grande lucidité à convaincre, une ténacité à ne jamais paraître ridicule en ressassant toujours la chronologie des faits pour offrir un meilleur jugement aux observateurs........

Dérouté, comme bon nombre de maliens sur ce qui arrive à notre pays et dont son parti n'en est pas moins sans reproche, il aime à ce titre relativiser : "La politique malienne est très instable pour pouvoir donner une opinion claire et précise sur elle. Je trouve qu’il existe moins d'hommes de conviction ; et le combat, pour la plupart, n’est pas d’aider le pays à s’en sortir, mais à se détruire entre acteurs politiques. Du côté de la jeunesse, ce n’est pas la formation politique qui est le souci principal, mais plutôt comment se remplir les poches. La course au gain facile a ruiné la carrière de beaucoup de jeunes politiques, qui auraient dû émerger. Sur la scène politique, c’est difficile de faire la différence entre un acteur politique et celui de la société civile ou des forces de sécurité et défense. Les mêmes acteurs animent les différents fronts. La vraie politique, qui consiste à servir son peuple au détriment de soi, reste l’ultime défi à relever". 

Ceci peut expliquer l'état dans lequel nous (le pays) sommes, et dont on ne cessera de reprendre ici que SNB est comptable moral de cet effritement de valeurs, car son parti a géré le pays, mais il est aussi victime de l'ostracisme que lui et ses pairs du parti ont subi de la part de ceux qui avaient les rênes de la commande et les cordons de la bourse.

Cependant, Sekou Niame Bathily détient pour nous, à cet âge, des ressorts pour trouver l'incroyable capacité à rebondir sur le plan national, car les pires difficultés, les pires tempêtes sont derrière maintenant. Et, suivant sa constance dans son parti et ses prises de position justes et impartiales, ce n’est vraiment pas un échec (la perte du pouvoir par un coup de force) qui l’arrêtera, possédant comme tout bon Maraka, une incroyable force mentale qui lui permet de toujours se relever dans les affaires. 

De la citation de Barack Obama qu'il chérit tant " le changement n'est jamais facile, mais toujours possible ", le chef d'une Division de la Haute Cour de Justice peut bien la concrétiser sur terre malienne, car il a toujours su, même quand son parti est au pouvoir, se remettre en question, devant les journalistes et les observateurs ; et c'est pourquoi, rares sont ces derniers qui ne tarissent pas d'éloges, également, sur son intégrité, sa loyauté, sa droiture, son appétit communicatif, bref une personne entière qui peut tout apporter, demain, à la relève du parti du tisserand !

Moustaph Maiga