MALI FRANCE : JE T'AIME, MOI NON PLUS

08 oct 2021 - 11:16

MALI FRANCE
Une brusque poussée de fièvre envenime les relations Franco-Maliennes depuis la divulgation, dans les medias, de la tenue des négociations pour une éventuelle signature d'un accord de coopération entre la société paramilitaire Russes Wagner et les autorités Maliennes, chose que verrait très mal la France, prête à plier bagages rien que pour ça.

Si Wagner ne trouve pas grâce aux yeux des français et de leurs acolytes, c'est, selon eux, à cause de sa fâcheuses réputation de mercenariats aux antipodes des méthodes d'une armée classique. 

En clair, la France accuse Wagner d'être responsable d'exactions extrajudiciaires sous d'autres théâtres d'opérations, notamment en Centrafrique, donc pas fréquentable. 

Ce point de vue est-il un élément important à prendre en considération, quoi que, en matière de mercenariat, on pourrait considérer la légion étrangère française comme étant une émanation similaire, les américains eux aussi ont eu recours aux services de la société "Black Water" en Irak, avec son corollaire de bavures meurtrières qui ont tant choqué le monde entier, mais comme dirait l'adage, un homme avertit en vaut deux. 

Il revient donc aux autorités Maliennes de convaincre leurs partenaires actuels en s'entourant de précautions, afin d'éviter tout débordements dans une éventuelle collaboration avec Wagner.

Cette polémique vient s'ajouter a une atmosphère déjà bien alourdie, depuis de longs mois, sur d'autres questions d'intérêts communs aux deux partenaires, toujours liés à l'insécurité perpétuée par les groupes armés au Sahel.

Si des voix au sein de l'opinion et parmi la classe dirigeante accusent la France d'iniquité dans ces pratiques sur notre sol, celle-ci, pour sa part reste campée sur une logique préventive d'intervention sélective, voire d'une inertie face à certaines situations qui font appel à ces aptitudes que le théâtre des opérations, mettant souvent à mal sa collaboration avec l'armée Malienne, créant ainsi des frustrations au sein de l'opinion nationale, qui y voit un double jeu qui ne dit pas son nom, surtout après presque dix ans de présence et de nombreuses victimes civiles et militaires, qu'elle n'a pu empêcher, malgré les moyens humains et matériels pointus, dont elle dispose.

Cet imbroglio né d'un sentiment de défiance entre deux tourtereaux, du genre" je t'aime moi non plus", est assez révélateur depuis le discours du Premier Ministre Choguel Maïga à la tribune de l'ONU, accusant la France d'abandon en plein vol.

Mais au fond, la pomme de discorde entre les deux partenaires, même si elle n'est que chuchotée publiquement, réside dans l'appréciation faite du dossier Kidalois, malgré l'existence d'un Accord de Paix signé entre Bamako et les rebelles séparatistes, et dont l'application suscite assez de remous depuis belle lurette.

Oui, c'est Kidal le problème, le soutien que la France apporte aux séparatistes est l'arbre qui cache mal la forêt des dissensions qui se sont faites jour depuis le réfus de l'armée française de laisser pénétrer son homologue du Mali dans Kidal après l'intervention de  l'opération Serval qui a mis en déroute les hordes djihadistes, alors maîtres des 2/3 du pays en 2012.

Et depuis on assiste a une déferlante de suggestions de la part des patriotes Maliens quand à la volonté de l'ex puissance coloniale de vouloir diviser le Mali par la création d'une entitée Touareg dénommée "Azawad", dont le fameux Accord d'Alger ne serait qu'un instrument de légitimité selon eux.

Mais au fond, pourquoi les occidentaux avec la France en tête sont attachés à ce bout de notre territoire, situé en plein désert jusqu'à la compromission?

Une analyse de la situation passée à la loupe est assez édifiante sur une proximité tendancieuses entre les occidentaux et les hommes bleus du désert, comme furent surnommés les Touaregs.

Une approche millimétrée ayant trois caractéristiques, à savoir : la passion, l'obsession et le racisme, qui résument à bien des égards cet champêtrement des sentiments qui met en ébullition le Nord Mali.
 - La passion pour les hommes bleus du désert, une attraction touristique qui meuble le cadre des randonnées vacancières des férus de découvertes culturelles à l'originalité frappante que comporte le Sahara et ses composantes ethniques. 
- L'obsession de préserver cet îlot ethnographique du désert Malien, considéré comme un sanctuaire vraisemblablement menacé dans son originalité par l'approche  d'autres réalités culturelles de la zone, pousseraient donc les amis occidentaux à fomenter une dissociation géographique purificatrice à leurs yeux par des moyens politiques et militaires, dont l'opportunité est diversement appréciée.
- Le racisme, parce-qu'une entité ethnique est privilégiée au détriment d'autres, dans la même zone géographique, laissant insinuer qu'en raison de leur peau claire, les Touaregs sont vus au dessus des autres ethnies et, par conséquent, doivent jouer les premiers rôles dans le commandement politique de la région (ne pas êtres dirigés par les noirs), en plus d'êtres des partenaires décisifs dans la traque anti-djihadiste induit par leurs connaissances du terrain. C'est selon une pensée, que bien de faits et gestes corroborent.

On peut donc l'affirmer, pour injuste qu'elle soit, vu d'un côté ou d'un autre : Kidal n'est pas loin de la conjoncture des Balkans, loint s'en faut que de tels tiraillements qu'induiraient ce scénario subtil sur la stabilité de la région, car, la Mauritanie, le Niger et le Tchad abritent des communautés Touaregs, que penseront ceux-ci si leurs frères du Mali ont leur propre pays. C'est comme le syndrome Kurde qui se dessine chez nous.

Les acteurs de ce jeu, en passant par pertes et profits l'essentiel des règles démocratiques en la matière, entre autres, l'auto-determination des peuples à jouir des prérogatives liés à leur évolution comme peuple souverain dans le libre choix de sa destinée, sont d'ores et déjà disqualifiés à imprimer les habits neufs de la stabilité et du développement de cette région.

Pour réussir cet engagement démocratique, il faut la conjugaison de plusieurs facteurs de rémission de la cause commune aux bénéfices du plus grand nombre et non le contraire, comme on a tendance à le constater sur le terrain, ou des groupes ayant pris des armes, s'auto-proclament spontanément comme agissant au nom des populations. 

C'est de là que partent toutes les dérives néfastes à l'émergence du septentrion Malien, potentiellement regorgé de ressources naturelles.

Alors, il est donc temps de dire stop à l'auto-flagellation.

Thierno Barro

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