HAMED SOW SOUTIENT QUE LES MALIENS NE VEULENT PAS DE BOUBOU CISSÉ COMME PRÉSIDENT

13 aoû 2021 - 12:35

HAMED SOW
"Il y a peut-être un hasard de calendrier, mais les adhésions n’ont aucune causalité. Pour ma part, l’idée d’une fusion en cours entre ma formation politique le RTD et l’URD fait suite à un long entretien que j’ai eu avec le regretté Président Soumaïla Cissé (qu’il repose en paix) en octobre 2020, à Dakar après sa libération.

Soumaïla m’a fait savoir qu’au cours de son long enlèvement, il  avait eu le temps de bien réfléchir sur la situation de notre pays et sur des pistes de solutions qu’il voudrait partager avec certains amis et camarades. Entre-autres, il avait trouvé que l’émiettement (avec plus de deux cents partis politiques au Mali) engendrait la politique alimentaire et contribuait à jeter le discrédit sur la classe politique. 

Selon lui, il était impératif de favoriser les regroupements politiques autour de 5 à 6 grandes formations politiques. Pour sa part, il avait l’intention de démarcher un certain nombre de leaders afin qu’ils rejoignent l’URD.

À cet effet, il me dit que du fait de notre proximité, il serait bon que « j’ouvre le bal ». Nous avions prévu de lancer l’opération en avril 2021, après sa tournée de remerciements aux chefs d’états, quelques jours de vacances avec sa famille et de larges concertations avec les leaders politiques, de la société civile et du secteur privé. Dieu en a décidé autrement en appelant Soumaïla à lui cet inoubliable 25 décembre 2020. Puisse le Tout Puisant l’accueillir parmi les siens. Amine.

Lors de mon voyage à Bamako en janvier 2021 pour présenter mes condoléances à ma sœur Astan, Bocar et autres membres de la famille, j’ai rencontré en marge quelques responsables de l’URD, dont certains étaient au courant de mes entretiens avec Soumaïla sur la fusion de nos formations politiques. Je les ai rassurés que je tiendrais les engagements tenus auprès de mon défunt ami.

C’est donc, avant tout, la volonté de contribuer à l’achèvement de l’œuvre d’un grand ami que j’ai cherché à venir à l’URD. D’emblée, j’ai annoncé aux membres du BEN de l’URD que j’ai rencontrés et sur les médias publics que je ne venais pas pour être candidat de l’URD à l’élection présidentielle. En 2018, j’ai sursis ma candidature pour soutenir Soumi Champion dès le 1er tour. 

Je suis fier du soutien que j’ai eu à l’apporter lors de cette élection présidentielle qu’il avait remportée. Si Soumaïla était là, je ne serais pas candidat en 2022 et allait me battre à côté de lui pour l’aboutissement de sa carrière politique. Le décès de Soumaïla est bouleversant, car c’est la rupture brutale d’un destin inachevé. C’est en cela, que nous, amis réels, devront œuvrer pour faire germer les plantes dans les sillons qu’il a tracés. C’est le sens de mon engagement avec l’URD.

Cela n’a rien à avoir avec Dr. Boubou Cissé. Je n’ai rien contre la personne que je trouve posée et réfléchie. Mais ma conviction est qu’il ne serait jamais venu à l’URD si Soumaïla était vivant. Ce qui pose pour moi un 1er problème d’éthique.
 
Un autre aspect éthique tient à la reconnaissance pour l’ami de son père qu’est IBK. Boubou doit tout à IBK sur le plan politique. En cela, il lui doit une dette de reconnaissance.

Par ailleurs, lorsque les manifestations ont commencé en mars 2020, IBK n’était pas visé en 1er lieu : c’était le Gouvernement. La crise s’aggravant, Boubou aurait dû forcer sa démission auprès de IBK. Ce qui aurait permis de lancer les bases d’un dialogue entre le M5 et IBK, avec l’appui de l’iman Dicko. Sa reconduction au poste de PM a engendré une radicalisation du M5, qui a commencé à exiger le départ de IBK même. 

De ce fait, Boubou a un devoir de réparation à son mentor. Pour payer cette double dette de reconnaissance et de réparation, Boubou aurait dû aller plutôt au RPM. Il aurait dû aller travailler avec le Dr Bocar Treta pour faire du RPM un grand Parti politique, comme au temps de la splendeur de IBK. A défaut, il aurait dû créer sa propre formation politique, dont il aurait donner le parrainage à IBK. C’est cela le horogna (la grandeur).

Soumaïla n’étant plus là, Boubou est-il venu renforcer simplement l’URD ? Il a en le droit. Mais, je suis sûr que c’est loin de cela. Je suis convaincu que Boubou Cissé est venu à l’URD pour chercher en être son candidat à la prochaine élection présidentielle. Cela pose un double problème politique.

Le 1er problème qui se pose tient au fait que l’URD, en tant que membre du FSD, partie prenante du M5/RSP, a combattu farouchement le régime de IBK et de Boubou Cissé. S’il n’avait pas été enlevé, c’est Soumaïla Cissé qui aurait continué à diriger le FSD et probablement le M5/RSP. On se souvient que Soumaïla avait refusé de rejoindre le projet d’ouverture politique du PM Boubou Cisse, ainsi qu’un poste de Représentant spécial du Chef de l’Etat (3ème personnalité dans l’ordre protocolaire).

Alors comment l’URD peut combattre le régime de Boubou Cissé, le chasser du pouvoir et à peine un an après accepter que celui-ci soit le candidat du Parti. Il y a là une posture qui choque la morale. Et seul le gain de l’argent pourrait expliquer une telle attitude discréditant de certain. 

L’URD n’est pas une boutique à acheter. Si tel devait le cas, alors Soumaïla avait tout faux : lui qui était tellement fier de son Parti et qui n’arrêtait de me dire qu’il y a des gens qui sont avec lui depuis 2003 – pas seulement les cadres, mais aussi des militants de base. Non, j’ai l’espoir que les gardiens du temple de l’URD, ceux qui respectent la mémoire de Soumaïla veilleront à stopper net ce non-sens politique.

Sur le plan politique, un Boubou Cissé, très impopulaire encore auprès de beaucoup de Maliens (les plaies ne se sont pas encore renfermées), a toutes les chances de perdre la prochaine présidentielle. L’argent et les réseaux ne peuvent pas tout faire. Je pense que Boubou et ses riches soutiens n’ont plus de prise avec les réalités du peuple. S’ils voyaient toutes les réactions que je reçois, suite à mes quelques sorties médiatiques, ils comprendraient que les Maliens ne souhaitent pas du tout voir Boubou Président. 

Peuvent-ils compter sur le tripatouillage des élections comme en 2018 pour gagner en 2022 ? L’achat des votes et le bourrage des urnes seront très difficiles en 2022. 

Et puis, Boubou et les tiens ne sont pas les seuls à avoir de l’argent. Il y a au moins trois autres candidats milliardaires, qui pourraient recourir aux mêmes méthodes.

Et pourquoi Boubou est si pressé ? Dans tous les pays du monde, lorsque l’on perd le pouvoir, on se fait oublier quelques années ? J’avais échangé avec un des oncles de Boubou, Amadou Baouro Cissé, au hasard d’un vol Dakar/Bamako. Je l’avais conseillé de dire à Boubou d’attendre et de se faire oublier quelques temps, d’autant plus qu’il est jeune. Pourquoi, il ne peut pas attendre ? Serait-ce par peur d’être interpellé par la justice sur sa gestion de multiples dossiers ?  Veut-il être député de Djenné pour pouvoir bénéficier de l’immunité parlementaire ? Veut-il être candidat de l’URD pour donner un caractère politique à toute éventuelle poursuite qui serait déclenchée contre lui ?  

La précipitation est souvent due à la panique, elle-même causant l’échec. Puisse l’URD éviter d’être entraîner dans cette aventure incertaine.     
Et d’une façon générale, puisse le Bon Dieu permettre à ce pays d’avoir des bâtisseurs en 2022. Amen !

Propos recueillis par Alou B. Haidara

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